vendredi, février 02, 2007

MACHINES SENTIMENTALES, LA NOUVELLE, PUBLIÉE DANS LE NUMERO 32 DE LA REVUE TWICE




La nouvelle MACHINES SENTIMENTALES écrite en 2002 en hommage à Maurice G. Dantec et restée longtemps inédite vient d'être publiée dans la revue papier TWICE, un contexte idoine pour un texte qui s'apparente plus à l'univers du rock industriel qu'à l'autofiction germanopratine que s'entêtent à pratiquer et à promouvoir les romanciers enfermés dans le bocal télévisuel. Cliquez sur le lien TWICE en marge à droite ou sur le titre de cet article et commandez la revue de l'excellent Clément Marchal, pour 2,50 Euros plus les frais de port vous ne sauverez pas la planète mais vous en prendrez plein la tête. Et si le 18 février 2007 vous êtes du côté de la place de Clichy plongez dans l'inferno de la Locomotive pour le Festival de l'Érèbe. A part ça un extrait de MACHINES SENTIMENTALES afin que vous sachiez où vous mettez les pieds :

Les cent vingt kilos du type ont dégringolé sur le sol jonché de sciure et de clopes écrasées. Les flics n’ont pas tardé à faire une entrée fracassante. (Le réseau compliqué des égoûts charrie les cadavres d’enfants mort-nés, ils rejoindront la mer et oublieront leur parenté.) Moi, j’avais posé mon double dans l’eau noire et Jarvis buvait dans un gobelet de métal irradié. Je tenais à peine debout, elle avait la lèvre qui saignait, elle lissait sa jupe, à ses pieds sa culotte blanche déchirée gisait dans une flaque d’urine. Elle n’a pas eu un regard pour moi, elle est sortie affronter la suite, indifférente à leur approche, insectes accrochant leurs colonies à la nuit du sous-sol et rongeant les ossements cristallisés. Je n’avais pas mis très longtemps pour devenir une vraie ordure.
Deux enfants se font face
Braquant chacun leur pistolet
Sur la tempe de l’autre
La plupart avaient fuis vers les campagnes, dans les cités fortifiées. Les flashes crépitaient et les flics avaient de la poudre au coin des narines et les étoiles disparaissaient, bientôt ce serait le matin et le ciel bleu et on se demande pourquoi tout ce ciel bleu quand on est dans une telle merde. Au-delà des remparts, les transsexuels se coupaient le bout des seins, ils transpiraient et exhalaient des odeurs aigrelettes et leurs mains se refermaient sur des pénis sanglants. À la sortie des écoles les apprentis sorciers testaient leurs maléfices et les jeunes vierges se suicidaient selon un rituel immuable. Ils m’ont sorti du bar menottes aux poignets, la gueule en sang, et le plus mafieux expliquait aux journalistes que j’avais fait du grabuge. On les descendait lorsqu’ils s’approchaient trop près des remparts. Envie que la nuit recouvre le monde histoire de pas être seul dans l’obscurité et les tourments. C’était là aussi le seul moyen de rentrer en contact avec Eux.

Richard F. Tabbi, Aix-en-Provence, nuit du 14 au 15 octobre 2002

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