dimanche, avril 01, 2007

BLUES PROJECT : UN SPECTACLE VIVANT SUR LE BLUES : pour aller sur le site, cliquez ici


L'histoire du blues est indissociable de ses racines Africaines, de l'histoire de l'esclavage et de la traite négrière.
Le brassage culturel commence en effet, sur les bateaux où sont entassées à fond de cale, dans des conditions atroces, de nombreuses ethnies africaines n'ayant ni le même langage, ni les mêmes codes sociaux, ni les mêmes rites.
Il faudra à ces premières générations d'esclaves, arrachées à leur terre natale, apprendre à vivre ensemble, à se comprendre, à partager ce qui reste d'un continent.
Plus tard, avec les générations successives, nées sur le sol américain, une nation Afro-Américaine va peu à peu trouver sa propre identité. Une nation avec une culture nouvelle se nourrissant des mémoires ancestrales et de toutes les influences résidant sur le sol américain.
C'est ainsi, qu'au fil du temps, à travers les bouleversements culturels constants, mélangeant chants ancestraux de l'Afrique, shouts, work-songs, spirituals, folklore Irlandais, hill-billy, musique des Indiens et bien d'autres, va naître le Blues.

A l'aide de divers documents audios, photos, traductions de textes, films d'époque, tirés des archives Rick PRELINGER, BLUES PROJECT vous propose de partager sa passion pour le blues.
Cette passion ne se contente pas d'une présentation de documents, ornés de commentaires...
En effet, BLUES PROJECT est avant tout, un trio (bientôt quartet) de musiciens et jouant sur scène des compositions, ainsi que des reprises de blues pour illustrer le propos du moment.
Le répertoire, lors de ces interventions musicales, fait la part belle au blues du delta du Mississippi.
Les différents thèmes abordés partent de L'ESCLAVAGE, jusqu'aux portes du CHICAGO BLUES, le COTON qui marque par son écrasante omniprésence, la vie des bluesmen...L'INDUSTRIE DU DISQUE qui contribua à l'éclosion de ce genre musical d'abord réservé à la communauté noire, puis à un plus large public blanc par le biais du "REVIVAL ANGLAIS" et du rock'n roll.
L' HISTOIRE DES INSTRUMENTS, les plus emblématiques comme l'harmonica, la guitare, voyage à travers les continents...
Culture et histoire, enchevêtrées en permanence l'une à l'autre, marquent au fil du temps les différents changements de cap du blues, à travers le drame humain d'un peuple livré au racisme, à la ségrégation et à la haine...



Pout tout renseignement, concert, contactez-moi : zombieplanete2001@yahoo.fr

NOTES DE LECTURE SANS SOUCI D’ACTUALITÉ, SANS COPINAGE, SANS RIEN...


D’Haruki Murakami j’avais lu il y a longtemps (en 1998) l’extraordinaire “Fin des temps” aux rêves de licornes et la “Course au mouton sauvage” peuplée de créatures étranges et repoussantes hantant les égouts de Tokyo. Je viens de découvrir un chef-d’œuvre avec les “Chroniques de l’oiseau à ressort”, paru en 1994. D’abord Murakami, écrivain atypique dans l’univers de la littérature japonaise. Né en 1949, il a étudié la tragédie grecque à l’université, a dirigé un bar de jazz, musique essentielle et récurrente dans son œuvre, avant de se consacrer totalement à l’écriture : lever à 4 heures du matin, 1 heure de footing, 1 heure de natation, 12 heures d’écriture, la vérité des chiffres est imparable. Au total une douzaine de livres plutôt épais, les “Chroniques de l’oiseau à ressort” flirtent avec les 800 pages, l’écriture est un exploit athlétique, je l’ai toujours pensé. Ajoutons que Murakami a traduit Fitzgerald, Irving et Raymond Carver, “le professeur le plus important de mon existence”, dit-il, le maître de l’épure a ainsi marqué l’un des maîtres contemporains du fantastique. De par ses goûts littéraires tournés vers l’Amérique, de par le fait qu’il réside régulièrement aux USA, en Grêce, en Italie, Murakami est sans doute l’un des écrivains japonais les plus accessibles aux occidentaux que nous sommes (essayez de lire Mishima et vous comprendrez ce que je veux dire). Ses histoires partent du quotidien le plus banal et entraînent le lecteur dans un labyrinthe qui finit par faire vaciller la raison. Prenez cet oiseau à ressort qui “remonte les ressorts du monde” et pousse son cri, “Kaa Kaaa” près du jardin de Toru Okada et de sa jeune et belle épouse, Kumiko. C’est le même cri que l’on entend lors de la guerre du Mandchoukuo, après que les autorités japonaises eurent ordonné l’exécution de tous les animaux d’un zoo, tandis que l’assaut russe est imminent. Toru Okada a perdu son chat, Noburu Wataya, qui porte le même nom que son beau-frère. Il va perdre son épouse, aperçue pour la dernière fois par un teinturier, et perdue dans un monde-cauchemar. Monde-cauchemar auquel Toru Okada parviendra à accéder en descendant au fond d’un puit à sec. Et c’est au fond d’un puit que le lieutenant Mamiya va laisser son envie de vivre, cela se passe sur la frontière mongole, pendant la guerre, après que son supérieur se soit fait écorcher vif sur l’ordre du justement nommé Boris l’écorcheur. Ajoutons à cela une femme médium arborant un chapeau en plastique rouge et sa jeune sœur qui débarque un jour chez Toru Okada complètement nue parce qu’elle ne sait plus ce qu’elle a fait de ses vêtements. Et aussi des phénomènes étranges dans la maison où se trouve le puit qui permet de communiquer avec “l’autre monde”, maison baptisée par la presse “Demeure des pendus”. Et encore le retour du chat que Toru va rebaptiser “Bonite”, parce que le nom détermine beaucoup de choses. Quant à Kumiko, Toru va finir par retrouver sa trace, lui parler par écran d’ordinateur interposé, découvrir peu à peu le monstrueux secret qui la tient éloignée de sa réalité. Voilà, ça n’est pas un résumé parce que ce livre est irrésumable, il se déroule plutôt comme les anneaux d’un serpent cosmique lové sur lui-même et dépliant ses cercles concentriques sur des orbites spatio-temporelles qui donnent le vertige.

Haruki Murakami, “Chroniques de l’oiseau à ressort”, Seuil, 1994 (trad. Corinne Atlan, Karine Chesneau).

A signaler parce que l’écriture de Kerouac est une obsession chez moi un petit volume paru en Folio intitulé “Le vagabond américain en voie de disparition”. Ce sont des textes tirés du “Vagabond solitaire”, en fait deux courts textes. Le premier, “Grand voyage en Europe” , est issu du voyage que fit Kerouac pour aller chercher des droits d’auteur en Angleterre. On passe de la traversée cauchemardesque de l’Atlantique à la beauté étrange de Tanger en compagnie de William Burroughs. Surtout, Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Paris (“Paris, un coup de poignard en plein cœur, tout compte fait.”) vus par les yeux de Sal Paradise, ça vaut son pesant de mots, ça se lit d’une traite, nostalgie d’une France à la Doisneau qui n’existe plus. Quant au “Vagabond américain en voie de disparition”, cela renvoie à Thoreau, à Jack London, à l’errance magnifique de la marge. C’est le moment où l’Amérique bascule dans la modernité, où le type qui fait la route sac au dos devient suspect, où la société de la peur prend le pas sur celle de l’Aventure, celle qui a porté ses forces vives vers l’Ouest. “Sur les routes maléfiques derrière les réservoirs à pétrole, là où les chiens sanguinaires montrent les dents derrière les grillages, les autos de police bondissent soudain comme des voitures d’évadés mais elles proviennent d’un crime plus secret, plus funeste que les mots ne peuvent le dire. Les bois sont remplis de geôliers.”

Jack Kerouac, “Le vagabond américain en voie de disparition”, Folio, 2 Euros ! (trad. Jean Autret)


Enfin, je viens de relire avec une émotion sacrée “Demande à la poussière” de John Fante. Un livre paru en 1939, dont la réédition de 1980 a été préfacée par Charles Bukowski: “J’étais jeune, affamé, ivrogne, essayant d’être un écrivain. J’ai passé le plus clair de mon temps à lire Downtown à la Bibliothèque municipale de Los Angeles (...) Un jour j’ai tiré un livre, je l’ai ouvert et c’était ça.” Bukowski vouait une admiration sans bornes à John Fante, il a aidé à sa redécouverte, il a œuvré à ce qu’on lui rende justice à la fin de sa vie. Car Fante a nourri sa famille en écrivant des scénarios pour Hollywood, ses romans n’ont jamais connu le succès de son vivant. Pourtant, quelle leçon d’écriture, laissez-vous emporter par le souffle d’Arturo Bandini, jeune écrivain italo-américain convaincu de son talent, écartelé entre le Dieu de sa mère et ses pulsions diaboliques confortées par la lecture de Nietzsche. Bandini vit dans un hôtel miteux sur Bunker Hill, il se nourrit d’oranges, il tombe amoureux de Camilla Lopez, jeune serveuse mexicaine. Entre eux, c’est l’amour vache, ils se quittent, se retrouvent, s’insultent (“Ces huaraches, Camilla - c’est vraiment nécessaire de les porter ? Faut-il absolument souligner le fait que tu n’es et ne sera jamais qu’une sale petite métèque ?”). C’est que Bandini a l’âme noire d’un sale gosse perdu dans une ville trop grande pour lui, le fils de rital élevé dans les neiges du Colorado. Mais bandini s’accroche, il martèle les touches de sa machine à écrire des nuits entières et finira par être publié. Quelques centaines de dollars en poche, il claque tout en costards, chapeau, chaussures, Bandini est un impulsif fiché comme un coin dans le présent. On le découvre même généreux, et Camilla le traverse comme un motif obsessionnel. L’issue de cette histoire est écrite dans la poussière des sables du désert de Mojave.

John Fante, “Demande à la poussière”, Christian Bourgois, coll “10-18”, 1986 (trad. Philippe Garnier).