Les vieux sont assis en cercle
Autour du cadavre du dernier hybride
Ils écoutent les nouvelles diffusées
Par un transistor à pile
Prélevé sur la dépouille d’un chercheur d’or
Fossilisée dans le schiste
Ici, au bord du Baïkal
Les morts sont plus nombreux
Que les vivants
Alors les vivants baisent avec les morts
Les morts ont des orgasmes post-mortem
Ils allument des bougies à l’intérieur de nos têtes
Car nous devenons peu à peu aussi fous
Que si nous étions morts
Les morts nous parlent
Ils ont leurs préférences
Ils ont des positions favorites
Et certaines réticences physiologiques
Pour nous qui sommes raccommodés de toutes parts
Pour nous qui avons besoin de machines pour respirer
Et n’avons simplement pas toute notre tête
Le monde est une étendue d’eau douce
Nos yeux s’activent sous la surface
Le ciel s’agite au gré du vent
Les nuages ont la consistance d’un gruau antique
Dans les cabanes au bord du lac
Des femmes cuisent leurs aliments
Sur des pierres issues de météorites
Elles portent leurs doigts sur des braseros
Qui brûlent leur peau tannée
Et lisent dans la pénombre
Les livres écrits sur nos corps d’écailles et de peau
Ces femmes rêvent de nos rêves
Elles rêvent que nous leur faisons l’amour et
Froissent les draps de leurs couches
En agitant leurs reins et leurs lourdes poitrines
Ces femmes n’auront pas d’enfants
À l’exception des créatures
Qui barbotent au-delà de la plage
Dans les eaux calmes que nous ne visitons jamais
Au matin elles viennent s’asseoir sur les galets
Nues
Leurs cheveux défaits
Leurs lèvres sèches
Leurs têtes dans leurs mains
Et se rappellent combien
Nous avons aimé la poussière et le souffle de la guerre.
RT, 20 oct 2011
© Richard Tabbi 2011 - droits réservés