jeudi, août 10, 2006

MACHINES SENTIMENTALES : LE NOUVEAU TAO KE TAO, d'après une nouvelle de Richard F. Tabbi (a tribute to Maurice G. Dantec)



De ce deuxième album de Tao Ke Tao se dégage une impression d’ordre. Une idée sous-jacente semble articuler en secret l’ensemble. Tout s’organise et s’imbrique naturellement. Un album comme le premier, animé par un concept. Un album organisé par le Tao, une idée issue de la philosophie chinoise. Le Tao agence le flot continuel du changement qui baigne le monde. Le Tao ordonne le chaos.

Tao Ke Tao développe un univers musical composé d’objets sonores d’origines diverses, aux sources éclectiques. Un monde particulier, très visuel, comme un clip, qui associe littérature et cinéma, musique et Histoire contemporaine. Une réflexion électronique.

Dans Machines Sentimentales, un album construit autour d’une nouvelle de Richard F.Tabbi, les machines sont dotées d’un cœur, d’un message. Elles parlent de la modernité, de la sexualité et de la religion, mais surtout de la guerre et de la violence. Les bouches métalliques, désincarnées, expriment avec froideur leurs sentiments. Elles observent et, de leur poste privilégié, elles jugent l’humanité.

Leurs mots rebondissent sur une toile électronique savamment concoctée. Des mots empruntés au XXème siècle. Le rêve de Martin Luther King (Art of War) côtoie les harangues de Tyler Durden et du Sergent Hartman (Minister of Death). L’invasion du Koweit (No Puppet Regime) se reflète dans la résistance organisée contre l’Empire par l’Alliance Rebelle (Bad Side).

Les références sont nombreuses. Le Fight Club croise Full Metal Jacket et l’Armée des Douze Singes. George H. W. Bush dialogue avec Jean-Paul Sartre et Luke Skywalker. Les samples, omniprésent, se répondent. Ils assènent, mot après mot, phrase après phrase, une vérité. Une logique insidieuse, magnifiée par la répétition. Le fond et la forme. Deux entités indissociables pour Tao Ke Tao qui, tout au long des neufs plages de l’album, fait preuve d’un art consommé de la mise en scène.

L’innocence n’existe plus. Elle s’est dissoute dans la réalité, dans la musique. L’électronique sombre et industrielle de Tao Ke Tao et la guitare virtuose de Florent Maynard en sont les fossoyeurs. Elles s’aventurent dans des univers musicaux différents. La guitare, rock ou psychédélique, s’évanouit puis réapparaît plus forte, plus présente, entre les boucles électro, les rythmes de blues ou les sonorités jazzies.

« J'ai embrassé mon robot sur la bouche. Il avait un goût de transistor et d'électronique… » Un goût unique, nouveau et si étrange. Bienvenu dans l’age des Machines Sentimentales !

Vince

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