lundi, décembre 01, 2008

LUCIEN SUEL : MORT D'UN JARDINIER


J'ai envoyé à Lucien SUEL, il y a longtemps déjà, le manuscrit de ce qui allait devenir ZOMBIE PLANETE et qui s'appelait alors "Exit" ou quelque chose comme ça. Lucien, je l'admirais déjà, compagnon de la BEAT GENERATION, traducteur de BURROUGHS, performer du CUT UP, c'est naturellement que j'adressais au boss de la Station Underground d'Emerveillement Littéraire (et leader de la mythique formation CHEVAL 2,3) mon manuscrit, moi qui, raide dingue de Kerouac, agenouillé devant l'architecture ronéotypée de "Sur la route", absorbé par les "Visions de Cody", flingué par le calibre venimeux de William Seward Burroughs, moi qui brûlais mes nuits à célébrer les noces du be-bop et de l'écriture, moi donc qui, au matin, passais à la caisse et envoyais mes élucubrations à ce Grand Frère basé à l'autre bout de la France comme on envoie une bouteille à la mer. Lucien a eu la gentillesse de me répondre par une longue lettre manuscrite. Disant du bien de mon travail. Me conseillant de viser plus haut, de solliciter une structure plus importante. Sans lui peut-être n'aurais-je jamais eu le courage d'envoyer mon manuscrit à Régine Deforges, de taper le gratin du milieu littéraire. A cette époque je vivais dans une vieille maison des Alpes de Haute-Provence. Largué. Loin de tout. Lucien a allumé une étincelle au bas de mes pages, il me restait à les enflammer.

Aujourd'hui, Lucien SUEL publie MORT D'UN JARDINIER aux éditions de la Table Ronde. Le narrateur de ce roman s'adresse à un homme au travail dans l'espace clos de son jardin. Un accident cardiaque frappe le jardinier. Dès lors, un flot traverse sa conscience. Images, sons, odeurs, souvenirs, réminiscences littéraires et musicales, sensations, visions se succèdent et s'entremêlent tandis qu'il s'éloigne, au fil du temps et des mots, des êtres qu'il a aimés.

Respect, Monsieur Suel.

Lucien SUEL, Mort d'un jardinier, éditions de la Table Ronde, novembre 2006.

Richard TABBI